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Pieds et poings liés, there is no alternative



Ce conte poétique moderne s’ouvre sur un couple qui se déchire et qui décide de fuir la pesanteur du quotidien dans lequel il ne se retrouve plus. Alors, en toile de fond, se créent sous nos yeux ébahis des tableaux historiques de grands moments politiques mettant en scène l’équilibre précaire des pouvoirs : 1789 lors d’un bal burlesque donné par Louis XIV et Marie-Antoinette, 1944 une grande tablée de nazis occupés à refaire le monde entre orgies et débauche, 1989 à Berlin, la chute du mur qui est le symbole de l’effondrement d’une époque. Chacune de ces parenthèses nous offre un cliché d’un monde en pleine mutation. Et entre chaque tableau, le couple reprend le cours de son histoire : ils se réconcilient, défont leur valise, s’enthousiasment et se déchirent à nouveau, comme s’il n’y avait pas d’autre choix. « There is no alternative », à la fois titre de la pièce et slogan de Margaret Thatcher en 1980 pour défendre la mondialisation et le capitalisme comme seule voie possible. Apparaissant comme une nouvelle forme de totalitarisme, ce TINA semble vouloir réduire les Hommes à l’état de marionnettes, suspendues au bon vouloir d’un pouvoir supérieur. A titre individuel, se pose la question du choix et du libre arbitre dans un monde où les évènements nous dépassent, où nous obéissons à des lois et où ceux qui sont au pouvoir règlent la vie de tous. C’est dans cette interrogation que se débattent les individus au sein de ce couple, entre espoir, lutte, renoncement. Quelle place donnée à son histoire dans l’Histoire ? Arriveront-ils finalement à faire leurs bagages pour changer et découvrir un ailleurs ?



La Compagnie Troisième Génération nous propose ici son deuxième spectacle en salle et s’inscrit une fois encore dans le théâtre gestuel pour défendre son engagement. Le corps prend le pas sur la parole sans pour autant que le message soit moins parlant, bien au contraire. Les corps sont habités, les masques font naître des personnages oniriques et pourtant criants de vérité, les gestes et les déplacements apportent la certitude que se mettre en mouvement est un acte nécessaire. Le fond est tragique, le monde courant à sa perte, en tournant en rond dans une vacuité sans fin. L’Histoire semble se répéter, sans qu’on puisse en tirer un enseignement qui permettrait de sortir du cercle vicieux généré par l’Homme. Mais la forme est ingénieuse et ludique. Les six comédiens nous offrent une prestation de haute voltige, en équilibre sur un fil, avec des flash-back, de la danse burlesque, de l’anarchie ciselée et un tourbillon de propositions artistiquement très riches et à l’esthétique irréprochable. Le spectacle est total, Sergi Emiliano i Griell se mettant en scène aux côtés d’interprètes multiculturels, María Cadenas, Agnès Delachair, Arianna F. Grossocordón, Guillaume Le Pape, Mattia Maggi et grâce au plasticien Rafael Fuster, à l’éclairagiste Laurent Labarrere et aux masques de Julie Bossard. Une réflexion essentielle et un rare moment de magie théâtrale.


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