L'amer héritage
MAYDAY
« Le plus important, ce n'est pas ce qu'elle a essayé de dissimuler, mais ce qu'elle a voulu révéler, et que personne n'a vu » Gitta Sereny, Cries Unheard
Nous arrivons face à une scène chargée d'un décor délabré. A son image, la femme assise sur le canapé en avant scène est en ruine. Chargée d'un passé trop lourd à porter et enfoui au fil du temps, Marie Burns, une fois sortie de prison, ne parvient pas à se libérer de ses vieux démons. Elle accepte alors enfin de se confier à un journaliste pour revenir 50 ans en arrière, quand elle n'était encore qu'une petite fille et qu'elle a été diabolisée après avoir commis l'irréparable.
Mais bien plus que son geste en tant que tel, c'est une plongée dans l'histoire des femmes de cette famille qui nous est jetée en pleine face. Car Mary, fillette de 10 ans, porte en elle les stigmates des parcours de sa propre mère et avant elle de la mère de sa mère.
Dans la famille Burns, on souffre, mais en silence. On subit l'indicible, alors on ne dit rien. Et le mal-être s'installe, au milieu de l'apparente décontraction entre deux disputes, entre deux bagarres, entre deux déchirements.
La pièce est superbe, les trois actrices principales qui incarnent Mary, sa mère et sa grand-mère offrent une belle unité de filiation et le décor en décomposition nous apparaît comme le reflet des personnages. On ressent avec une grande force le poids des non-dits et des failles personnelles, qui, s'ils sont un temps enterrés au plus profond de soi, finissent toujours par ressortir, avec d'autant plus de violence.
Mayday de Dorothée Zumstein
Mise en scène Julie Duclos
avec Maëlia Gentil, Vanessa Larré, Marie Matheron, Alix Riemer, Bino Sauitzvy
Théâtre de la Colline