Violence orpheline
Un couple londonien dîne tranquillement en tête à tête quand débarque le frère de la jeune femme. Il est agité et porte un T-shirt couvert de sang. L’auteur nous embarque dans un thriller en temps réel, dans lequel chaque minute compte pour prendre la bonne décision. Mais dans l’urgence, les esprits s’échauffent. Le stress réveille les failles au sein du couple et les propos confus et contradictoires de Liam n’aident en rien Helen et Dany à avoir les idées claires. En abordant la question ultra contemporaine de la montée de la violence quotidienne, l’auteur montre aussi la manière dont chacun d’entre nous peut se retrouver confronté à des choix moraux par rapport à un dilemme. La violence pénètre insidieusement dans cet appartement cosy et le personnage de Liam nous apparait comme le curseur de l’acceptable. Au fur et à mesure que les faits sont avoués et leurs raisons dévoilées, le spectateur s’interroge sur les limites de la justification des moyens par la fin et des conséquences de nos actes, quand on ne peut plus faire machine arrière. Le public, placé tout autour de ce cube en ébullition, assiste médusé à ce combat de lions en cage, ces personnages pris au piège de leurs petites compromissions. L’ingénieuse mise en scène de Chloé Dabert renforce l’impression de huis-clos étouffant et le jeu incisif des comédiens sert à merveille l’urgence de la situation. Si le frère est flippant à souhait, la sœur, brillamment interprétée par Joséphine de Meaux, nous époustoufle en étant en permanence sur la corde raide entre maitrise totale et « pétage » de plomb. On est bien content d’être au théâtre et non devant le JT de 20h !
De Dennis Kelly
Mise en scène Chloé Dabert
Avec Sébastien Eveno, Julien Honoré et Joséphine de Meaux
Lauréat du prix Impatience 2014