Combat de coqs...
Un homme est projeté sur scène. Seul, dans un lieu qu’il ne connait pas, il n’a d’autre issue que de s’interroger sur les raisons de sa présence. Il se remémore sa vie, faite de jeux de séduction et de rencontres. Il a bien vécu et semble persuadé d’avoir rempli le cœur des femmes. On comprend que c’est Dom Juan. Arrive alors un deuxième homme, tout aussi surpris de se retrouver là. Il se présente comme étant Le Cid, figure de vertu, ayant voué toute sa vie à l’amour d’une seule et même femme. Que font-ils tous les deux dans ce lieu étrange ? Alors que tout semble les opposer, les deux hommes vont être obligés de se parler, et même de se comprendre, comme si c’était leur seule échappatoire possible. Le Cid porte tout d’abord un jugement très dur sur Dom Juan. On y retrouve le conflit entre le vice et la vertu, d’une part l’amour unique et entier, et d’autre part, l’amour multiple et débridé, l’amour de l’amour. Dom Juan se défend d’être un monstre. Il a sincèrement aimé toutes les femmes et ne les a pas détruites. En revanche, Le Cid a été dans un dilemme insoluble puisqu’il a dû se résoudre à affronter le père de celle qu’il aime, faisant à coup sûr son malheur.
Si l’on reste dans le théâtre classique avec de longues tirades et un langage soutenu, la confrontation de ces deux idéalistes de l’amour est originale. On prend plaisir à voir la joute verbale qui permettra aux deux hommes de relativiser leur approche, de nuancer leurs oppositions, pour finalement se comprendre l’un et l’autre. Le parti-pris est donc très intéressant et l’on peut aisément y lire un appel au dialogue pour une meilleure compréhension des différences et ouvrir sur la possibilité de vivre ensemble.
Texte de Julien Bouchard-Madrelle
Mise en scène : Eléanore Laforge-Mesplomb
Avec Julien Hammer et Rafael Vanister
Théâtre de Ménilmontant
En vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=ZmclYd18xqQ&app=desktop