Le syndrome de Cassandre, qui l'eut cru?
Le spectacle s’ouvre sur une scène plongée dans la pénombre derrière un quatrième mur qui sépare la scène de la salle, comme une prémonition que le clown restera à jamais seul, sans pouvoir rejoindre les hommes. Et pourtant la communication s’établit avec une simplicité désarmante. Le clown nous fait face. Ne dit rien. Mange une banane. Et se contente de répéter les bruits qui lui parviennent du public qui rit, éternue ou bavarde. Le comique de situation peut ainsi s’étirer à l’infini.
Pourquoi le syndrome de Cassandre ? Cassandre est une déesse grecque qui avait reçu du dieu Apollon la vérité. Mais en se refusant à lui, Cassandre se vit condamnée à ne jamais être crue. La connaissance devient alors paradoxalement une faiblesse plus qu’un avantage puisqu’elle isole le clown tourné en dérision par les hommes. Et les situations s’enchaînent, le clown tour à tour complice ou provocant : il nous présente sa mère, s’énerve du tiroir-radio, se suicide à la banane, fait vivre une famille cafetière, tente de s’échapper de la scène, demande au spectateur de partir, parce que le spectacle est fini.
Yann Frisch, auteur et interprète de ce clown, réussit son pari puisque le spectateur perd pied dans cet univers magique et poétique, sans jamais savoir où s’arrête la réalité et où commence le jeu. D’ailleurs jamais le comédien ne sort de son personnage et le clown fait ses adieux sans salut(s). On sort bouleversé de cette rencontre hors du commun, où l’artiste à nu se met en danger face à un public qui ne laisse rien passer.
De et avec Yann Frisch (champion du monde de magie close-up)
Vidéo Youtube Baltass, l'artiste sans son clown: https://www.youtube.com/watch?v=s71C1DHHEP0
Théâtre du Rond Point, tournée à partir de Novembre 2016
La radio en parle: https://www.youtube.com/watch?v=Ec46INvklsw