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un jeu sans échecs




Le joueur d’échecs est aujourd’hui une des œuvres majeures du répertoire et souvent montée. Lors d’une traversée en mer, les passagers sont en pleine effervescence en apprenant que le champion du monde des échecs se trouve à bord. Une partie s’improvise et sans surprise, les amateurs d’échecs prennent une leçon du maître en se faisant battre à plate couture. Jusqu’à l’arrivée d’un inconnu qui leur indique quel coup jouer, jusqu’à remporter la partie et battre le champion. La stupeur est générale et la curiosité de tous, piquée au vif. Qui est cet homme ? Où a-t-il appris à jouer ? Et comment est-il possible d’avoir tant de talent et de ne pas jouer dans les cercles de jeux mondiaux ? Le narrateur part à la rencontre de cet homme sorti de nulle part, qui refuse de jouer la moindre partie supplémentaire.

Stéphan Zweig a construit son roman sous la forme d’un monologue, toute l’histoire passant par le narrateur qui détaille tour à tour son voyage, puis sa rencontre hors norme et enfin l’historique de ce personnage dont le parcours bouleversant explique les sentiments ambivalents liés à l’échiquier. Il faut donc un acteur de talent pour jouer cette pièce qui représente une partition complexe parce que multiple. Et c’est aujourd’hui Francis Huster qui relève le défi haut la main. Il fait revivre l’atmosphère sur le paquebot avec les badauds, sa femme, l’ambiance si particulière de la première rencontre avec le champion du monde, aussi talentueux que présomptueux, dans un décor majestueux de bateau rendu par les hublots bleutés et les malles. Puis, il prend les traits de l’inconnu, dans un registre beaucoup plus tourmenté et meurtri. En effet, il s’avère que le mystérieux joueur a été fait prisonnier par les allemands pendant plusieurs années. Enfermé dans une cellule microscopique et livré à lui-même entre deux interrogatoires, il allait sombrer dans la folie lorsqu’il a découvert un livre. Objet de tous les fantasmes, échappatoire à sa solitude, ce précieux manuscrit n’était rien d’autre qu’un livre de parties d’échecs. Tout d’abord anéanti par la déception, l’homme s’est plongé dans le manuel au point de finir par le connaitre par cœur.

Francis Huster joue merveilleusement bien la galerie de personnages de la première partie de l’histoire, avant de se glisser dans la peau de l’inconnu au passé trouble. On est vraiment embarqué dans cette histoire même si on la connait déjà, et on prend plaisir à la redécouvrir à travers Francis Huster.

De Stefan Zweig

Adaptation de Éric-Emmanuel SCHMITT

Une mise en scène de Steve SUISSA

Avec Francis Huster

Espace Carpeaux Courbevoie, tournée en France

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