L'imposteur Tartuffe
La maison d’Orgon est en effervescence. Aveuglé par Tartuffe, un dévot qu’il tient en haute estime, Orgon, soutenu par sa mère Madame Pernelle, est en train d’organiser le mariage de sa fille Marianne. Mais le reste de la famille voit clair dans le jeu de cet homme d’église sans foi ni loi, prêt à tout pour dévoyer la famille et la spolier de ses biens. Personne ne peut faire entendre raison au maître de famille Orgon et à sa mère qui régente la maisonnée et il faudra l’alliance de tous ceux qui ont deviné les intentions troubles de Tartuffe pour échafauder un plan, afin de le confondre et de faire éclater au grand jour ses sombres desseins. C’est la scène centrale de la pièce, dans laquelle la supercherie apparait de façon éclatante et jubilatoire. Orgon, poussé par sa femme Elmire, est caché sous la table pour assister en secret aux avances que Tartuffe fait sans vergogne à sa femme. Seulement, alors qu’on croyait l’entremise de Tartuffe réduite à néant, il sort de derrière les fagots un acte de donation signé de la main d’Orgon, comme une preuve de la candeur irresponsable dont ce dernier a fait preuve à l’égard de Tartuffe le manipulateur. Seule l’intervention royale et l’arrivée de la maréchaussée sauvent la famille de l’expulsion.
Michel Villermoz est admirable de mauvaise foi, et même une fois découvert, il ne renonce jamais à son discours à double lecture pour tenter de retourner la situation à son avantage. Si l’on retrouve les thèmes chers à Molière, de la liberté et de la vérité, on peut également voir cette pièce dans l’actualité. A l’époque déjà, cette pièce est écrite en réponse aux critiques faites par la Compagnie du Saint Sacrement à Molière, à l’occasion des premières représentations de son « Ecole des femmes ». Aujourd’hui encore, le propos résonne et interroge sur les apparences qui, on le sait, sont bien souvent trompeuses. Qui héberge-t-on sous son toit ? A qui remet-on le pouvoir, les clefs de la maison ? A qui peut-on faire confiance ? Seule la communication semble, encore une fois, être la garantie d’une sortie de crise collective.
De Molière
Mise en scène : Galin Stoev
Avec
Claude Mathieu : Madame Pernelle (en atlernance)
Michel Favory : Monsieur Loyal
Cécile Brune : Dorine
Denis Podalydès : Cléante
Michel Vuillermoz : Tartuffe
Elsa Lepoivre : Elmire
Nâzim Boudjenah : Valère
Danièle Lebrun : Madame Pernelle (en atlernance)
Didier Sandre : Orgon
Anna Cervinka : Mariane
Christophe Montenez : Damis
Jusqu’au 19 Juin à la Comédie française.