L'impro ne fait pas match nul
Ce soir, j’assiste à un spectacle un peu spécial, encore trop rare et qui n’est pas apprécié à sa juste valeur. Pourtant il serait temps de redonner à l’impro ses lettres de noblesse. Bien entendu, toutes les rencontres ne se valent pas. Mais ce soir, deux ligues de prestige s’affrontent : la Ludi d’Ile de France et l’Alvi de Suisse.
Mais alors d’où vient le match d’impro ? Tout droit du Canada, lorsqu’il y a 25 ans, deux québécois détournent le hockey sur glace pour créer des matchs d’improvisation théâtrale ; la discipline est assez réglementée et soumise à des codes. Sur un plateau de 5 mètres par 5 reprenant le modèle de la patinoire, deux équipes de cinq joueurs improvisent sous nos yeux ébahis et sous le regard aussi expérimenté que rigoureux d’un juge irascible, que le public déteste avec plaisir. L’énergie des équipes, avec leur hymne et leurs chorégraphies, est très communicative, la lutte acharnée mais toujours respectueuse. Le juge égrène les thèmes et les chronos pendant deux rounds de 45 minutes.
Ce soir, les équipes se sont surpassées, et l’on retiendra quelques impros d’une qualité exceptionnelle : l’impro à la manière de Chrétien de Troyes répondant à l’impro à la Audiard, l’impro de Roger initiant une débutante à la chute libre, les impros comparées succédant aux impros chantées (et en rimes s’il vous plait). Après chaque impro, le public est amené à voter pour l’équipe qui a présenté la meilleure performance. On ressort conquis et admiratifs devant ces comédiens de talent, capables de s’adapter à toutes les situations, prêts à créer des scènes de toutes pièces, en étant toujours spontanés, à l’écoute, surprenants. Pour preuve : la tradition veut que chaque spectateur reçoive une paire de chaussettes à lancer sur un joueur ou l’arbitre en cas de mécontentement. Et bien le spectacle a pris fin avant que je puisse lancer la mienne ! Une grande leçon de théâtre, à consommer sans modération.
Site internet de la Ludi : http://ludi-idf.com/