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L'amour fou des instants volés

N’est-ce pas quand on est le plus fou, le plus inconscient, qu’on est le plus à même de se laisser aller à l’amour ? C’est ce que tend à montrer cette superbe pièce « Les instants volés », mettant en scène la rencontre de Max, bipolaire qui se rêve danseur, et Luna, dépressive à tendance suicidaire. Ces deux êtres à la dérive, enfermés dans l’univers clos de l’asile psychiatrique, vont s’évader à travers les liens qu’ils tissent petit à petit. Et si ces deux-là trouvent un terrain d’entente pour se comprendre, l’un apprenant à l’autre à sourire, c’est peut-être qu’ils ne sont pas aussi fous qu’on veut bien nous le faire croire, comme une invitation à réfléchir sur les frontières de la normalité et la culture de la différence. Car Max et Lula nous prouvent qu’il est possible d’aimer à retrouver la raison…


Plusieurs points forts renforcent les qualités de cette très belle pièce : des chansons viennent habiller le texte, pas comme dans certaines comédies musicales où c’est superflu et en dehors du fil de l’histoire, mais comme des parenthèses d’interprétation chantée, particulièrement intéressantes lorsqu’elles révèlent la psychologie des personnages. On plonge littéralement dans leur âme, les comédiens sont de vrais chanteurs et leur sensibilité nous touche en plein cœur. Moment d’émotion brut lorsque Lula chante à sa mère toute la souffrance qu’elle a ressentie à travers leur relation manquée. La musique de Stève Perrin est très présente, grâce au piano à queue qui trône sur la scène et par le biais d’une bande sonore psychédélique rappelant l’atmosphère troublée des asiles.


Seconde qualité, les comédiens, qui n’interprètent pas Max et Lula, donnent vie à toute une galerie de personnages, malades, soignants, famille. Julien Baptist, notamment, relève haut la main le défi de jongler avec une foule d’interprétations : le carriériste Docteur Monceau, l’infirmier consciencieux, le vieux garçon solitaire, Georges le schizophrène sûr qu’il va accoucher de l’univers (scène culte) et enfin Arthur le nymphomane.

Les personnages, entre souffrance et détachement, nous font passer à travers plein d’émotions avec une tension qui ne nous lâche pas de toute la pièce. C’est sensible, drôle, touchant et très poétique, grâce à une mise en scène particulièrement inventive : de l’accouchement de l’univers aux fils tissés entre les gens en passant par les malades qui deviennent des marionnettes entre les mains du personnel médical. De manière plus générale, la pièce pose la question de la solution à apporter à ceux qui ont un autre fonctionnement, de la place à donner à ceux qui sont différents.


Auteur : Cyril Garit

Mise en scène : Nicolas Guilleminot

Avec Julien Baptist, Alexis Mahi, Lucie Riedinger et Stéfanie Robert

Jibril Caratini - Sotto


Bande annonce : https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=PRkJpUr0sgQ

https://www.culture-time.com/projet/les-instants-voles

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