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Tout pour "tout contre"

Tout contre, closer en anglais. Bon, l’histoire peut sembler banale. Deux filles, deux mecs, des rencontres, des chassés croisés amoureux, où l’on s’aime autant qu’on se hait. Si vous êtes peu nombreux à avoir lu le livre de Patrick Marber, la majorité d’entre vous pensera au film « Closer », entre adultes consentants, réalisé par Mike Nichols en 2005 avec, s’il vous plait, rien de moins que Julia Roberts, Jude Law, Nathalie Portman et Clive Owen.

« Larry, médecin, aime Anna, photographe, qui le trompe avec Dan. Alice, stripteaseuse, aime Dan, écrivain et manipulateur, mais le trompe quand même avec Larry. A un niveau extrême, deux hommes et deux femmes vont jouer le jeu pervers de la séduction et du désir. Alternant manipulations et trahisons, ils entament un diabolique chassé-croisé amoureux dont personne ne sortira indemne ».


C’est dire si c’était un pari osé, voire fou, de vouloir adapter cette histoire. Mais toute l’originalité de cette pièce, « Tout contre », réside dans sa forme. De par une mise en scène aussi originale que risquée, « La Cie du Libre Acteur et Clem » nous propose une expérience inoubliable de théâtre immersif. Parfaitement adaptée au sujet, puisque plaçant les spectateurs « tout contre » les comédiens, la mise en scène de Sébastien Bonnabel se déploie admirablement dans le CO, un lieu hors norme que ses créateurs définissent comme « un second chez soi (…) un prolongement de la maison dans la sphère publique (…) la flexibilité, (…) un point d’ancrage procurant un sentiment d’appropriation ».Et c’est exactement ce à quoi nous invite cette pièce de théâtre qui prend des allures de film. Plus question de séparation ni de quatrième mur. Comédiens et spectateurs partagent le même espace. On suit le mouvement vers les espaces éclairés les uns après les autres pour découvrir un enchaînement de scènes aussi drôles que tragiques, « comme si on y était ». Libre à nous de nous déplacer, de lire par-dessus l’ordinateur de Dan, de s’asseoir à la table du couple qui se dispute, on va jusqu’à trinquer au champagne lors du vernissage d’Anna.


Il faut souligner la performance incroyable des quatre comédiens, qui, loin d’être ébranlés ou déconcentrés par le public omniprésent, offrent une partition d’une justesse et d’une intensité rarement palpables au théâtre. C’est tout l’intérêt de cette immersion, puisqu’on est comme partie prenante du drame qui se joue sous nos yeux, comme des voyeurs se délectant d’une intimité malsaine qu’on vit en direct, comme un gros plan de cinéma. Les personnages se déchirent pour notre plus grand plaisir, on est emportés par le suspense de cette histoire dans laquelle les pions sont déplacés au gré de leurs sentiments, de leurs coups bas et de leurs stratégies machiavéliques. Tous luttent pour trouver un sens à leur existence, peu importe si c’est au mépris des autres. Le spectateur est pris au piège et forcé de s’interroger à son tour, sur son rapport à l’autre, et plus précisément au couple, entre désir et amour.


Mise en scène de Sébastien Bonnabel, assisté de Marie Combeau

Direction artistique Clémence Demesme

Avec Marie Hennerez, Barbara Le Toux, Eric Chantelauze et Philippe de Monts.

Au CO, lieu inclassable et magique dans le 18è

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