MagnifiCATS
Si les petits rats ont envahi l’Opéra, ce sont bien des chats qui sont les rois de Mogador. A peine les lumières s’éteignent qu'une vingtaine de félins se faufilent entre les spectateurs pour prendre possession de la scène pour deux heures de spectacle haut en couleurs.
Une fois par an, tous les Jellicle Cats se réunissent pour célébrer leur félinité. Ils laissent derrière eux ce qui les relie aux humains pour révéler leur véritable personnalité, dans ce qu’ils ont de sauvage et d’irrévérencieux. Au cours du bal, leur chef incontesté et respecté, le Grand Deutéronome, choisira l’élu qui pourra renaître de ses cendres.
L’histoire trouve son cadre dans les poèmes de T.S.Eliot (Le guide des chats du vieil Opossum, datant de 1930) que le petit Andrew Lloyd Webber avait découvert dans sa chambre d’enfant. Fasciné, il devient musicien et mélodiste précoce et son livre de chevet ne quitte pas son esprit. Il s’appuie sur le personnage de Grizabella, une chatte âgée qui pleure sur sa splendeur passée. Il s’accompagne de Trevor Nunn, metteur en scène emblématique de la Royal Shakespeare Company et de la chorégraphe Gillian Lynne déjà très réputée. John Napier a été chargé de reproduire une décharge, telle que la verraient des chats, inspirée de "The Waste Land" de T.S. Eliot lui-même.
La fougue du jeune producteur Cameron Mackintosh et les bonnes idées de l’agence de com. Dewynters (notamment le logo mondialement connu, ces pupilles jaunes dont l’iris est une silhouette de danseur) permettent à ce spectacle avant-gardiste de rencontrer son public et de rester à l’affiche pendant plus de 30 ans. L’intelligence de cette nouvelle production française a été de reprendre la mise en scène originale, en confiant aux paroliers Nicolas Nebot et Ludovic-Alexandre Vidal le défi d’adapter tous les textes en français pour rendre le spectacle accessible. Seul bémol, les textes, qu’on ne comprend pas tous, sont parfois un peu enfantins et simplistes, gâchant la magie de l’univers féérique.
Les costumes sont magnifiques, et les interprètes, comédiens-danseurs-chanteurs, disparaissent sous le maquillage et les moustaches pour miauler de leur plus belle voix. Dans un décor de poubelle au clair de lune, les félins courent, sautent et se déplacent furtivement pour faire de la scène leur territoire. Les chorégraphies sont superbes, les chansons brillamment interprétées. Evidemment, c’est aussi kitsch que poétique et l’on pourrait reprocher une absence de réel fil conducteur, si ce n’est cette fameuse nuit de la rédemption, et des tableaux qui s’enchaînent sans tension dramatique. Mais on passe un bon moment et on ne peut que saluer la performance de cette troupe d’artistes complets, qui donnent vie à des airs qu’on connaît tous et qui nous permettent de découvrir, le temps d’une soirée, ce que font les chats quand les hommes dorment et que les souris dansent.
Comédie musicale de tous les records avec 70 millions de spectateurs dans vingt pays en dix langues, ce phénomène est une expérience inoubliable pour tous les amoureux des chats et pour ceux qui, sensibles aux comédies musicales, rêvent de Broadway !
Les chats : Axel Alvarez, Denis Aizin, Vanessa Cailhol, Federica Cappra, Cédric Chupin, William Da Silva Pedro, Prisca Demarez, Pierre-yves Duchesne, Alexandra Girard, Grégory Gonel, Yoan Grosjean, Emmanuelle Guelin, Oonagh Jacobs, Katharina Lochmann, Sylvain Mathis, Pascale Moe Bruderer, Emmanuelle N’Zuzi, Virginie Perrier, Lucas Radziejewski, Charlyne Ribul Conte, Alessandro Ripamonti, Yanis Si Ahmed, Els Smekens, Leonie Thoms, Fabrice Todaro, Nicolas Turconi, Wim Van Den Driessche, Rachael Ward, Golan Yosef, Stoyan Zmarzlik
Cats au théâtre Mogador à Paris, jusqu’au 5 juillet 2016.
Memory, Version originale : https://youtu.be/4-L6rEm0rnY
Un aperçu de la mise en scène, VO : https://youtu.be/oHySvxR1fqg
Depuis les répétitions : https://youtu.be/cQPIcDBwq1U
Pour tout comprendre du spectacle : https://youtu.be/Jz2hMQJVPQg
